Coeur, Carreau, Trèfle, Epique...

Publié le par cheznospotes

Il y aura donc eu la livraison du matériel, des tables inox, et des plonges…

 

Certains chercheront désespérément la matière d’un roman à suspens, et s’arracheront les cheveux en allant imaginer, par exemple, un cadavre perdu pour créer une intrigue.

 

Moi, je vous dis, les gars (et les filles) qui songent à écrire : commandez-donc du matériel, et arrêtez une date de livraison avec le commercial : votre roman de gare vient de commencer…

 

J’ai donc commandé divers matériels à une société « professionnelle », en traitant avec un commercial « professionnel », qui s’est déplacé avec un mètre enrouleur qui se déplie jusqu’à 5 mètres et se renroule d’un coup grâce à un bouton.

 

Mis en confiance par l’équipement post-moderne de « l’ingénieur en vente », je décidai donc de signer un Bon de Commande après avoir arrêté des dates de livraison pour ledit matériel. Livraison en deux fois : le vendredi 15 juin, et le lundi 18 juin. Promis, juré, craché.

Dans la formule que je viens d’utiliser, il convient de se munir d’un mouchoir en papier pour s’essuyer le visage, et de ne retenir que le dernier verbe employé…

 

Dès l’évocation de la partie livraison, j’ai senti intuitivement que ça allait finir par me faire mal quelque part, lorsqu’il fut dit que la livraison de la table réfrigérée d’environ 300 kgs serait effectuée par un seul homme muni d’un tire palettes qui ne passerait pas la porte de mon restaurant…

 

« C’est tout ? ».

« Ben…Vous savez : nos prix sont extrêmement tirés, alors, le livreur livre et n’est pas censé installer… »

 

Je compris alors qu’il n’y aurait pas que les prix qui allaient être tirés…Je parle ici de mes traits après quelques nuits de stress, bande de…Et j’en profitai pour réviser mon vocabulaire, faisant soudain la différence entre « livraison » et « installation »

 

La livraison était donc négociée au rabais. J’imaginais alors un livreur en side-car, arrivant en équilibre sur la place muni de mon chargement, mais n’anticipons pas une réalité qui dépasse la fiction...

 

Le jeudi après-midi, veille de la livraison, je m’inventai de demander au commercial de me préciser si la livraison du lendemain interviendrait le matin ou l’après-midi. Las…Ce ne semblait plus être l’affaire du vendeur, mon précieux chargement étant désormais pris en otage charge par le transporteur. Après qu’on m’ait proposé d’appeler moi-même le transporteur et que j’aie poliment suggéré qu’on me prenne en photo pour un éventuel bêtisier, j’obtins que le représentant fît (oui, les mecs : subjonctif II…) son boulot et me rappelât (le même…). Vers 18h, coup de fil du représentant probablement muni de bouchons d’oreilles, m’annonçant que ma livraison n’aurait lieu que le lundi. Drame, passionaria, quelques tirades du genre « ma vie est fouttue » ne semblèrent pas ébranler le commercial. Je raccrochai et courus visiter mon stock de mines anti-personnel, envisageant de machouiller un truc pour me détendre (voir l’un des post précédents).

Vers 21h30, consultant mes mails, j’appris que, finalement, affrétant un transporteur spécial, le fournisseur livrerait tout de même le vendredi.

 

Chaud…Froid…Chaud…Froid…Il n’y a pas que l’ordonnancement de la livraison qui va finir par être grippé…

 

Le vendredi matin, donc, je ralliai quelques amis pour m’aider en fin de matinée ou en début d’après-midi, créneau supposé de la livraison.

Ce n’est que vers midi trente, alors que j’avais libéré tout le monde pour le déjeuner, que le livreur accosta la rive, me trouvant seul avec lui pour décharger le matériel. De bonne grâce, il m’aida à me ruiner le dos pour transporter à nous deux la table réfrigérée dans la salle du restaurant, hors de question de pousser jusqu’à ma cuisine, située 5 marches plus bas. Livraison « dans » le restaurant signifie que : dès que toute la table a passé la porte, on s’arrête…

 

Bon…ça, c’est fait.

 

La livraison des tables inox et des plonges étant prévue pour le lundi, j’arrivai, prêt à tout, au restaurant en ce lundi, dès petro minet.

 

Vers 16h, j’eus un pressentiment. J’appelai donc le commercial. Lui laissai un message. Qu’il me rappela. Que me dit que la livraison avait été décalée au lendemain car le transporteur n’avait pas eu assez de…diables !

 

Mon moral fouttait le camp comme ma maîtrise du bon français dans la phrase précédente. Mais "que je me rassure, la livraison interviendrait dès le lendemain matin."

 

Mardi matin…

L’empereur…Leprince… sa femme et…

 

Bref…J’étais là.

 

La matinée s’écoula tranquillement pour moi jusqu’à 11h45, heure à laquelle l’âne que je suis devenu ne voyant toujours rien venir, prit un ustensile dont, visiblement, tout le monde ne sait pas forcément se servir au pays de la vente, et, appelant le commercial, je lui demandai texto « à quelle heure se terminaient les matinées dans son pays »…

 

Il semblerait que ce soit vers 17h…Avalant cette version revisitée de la théorie de la relativité d’Einstein, je repris une louche de mine anti-personnel en garniture, et m’armai de patience.

 

Vers 17h10, agonisant au milieu de ma salle de restaurant, j’étais en train de quitter ce monde d’espérance, lorsque j’entendis un faible cri sur la place : « Terre ! » « Terre ! ».

 

Le camion se garait enfin sur la place du village sous les ovations de la foule rassemblée, enfin, je crois, n’étant plus très sûr de ce que je vivais, l’abus de mines anti personnel affectant visiblement ma perception de la scène.

 

Voila. C’est tout. Du moins pour cette partie. Il faut savoir que je gère dix trucs du même tonneau en même temps et que je me demande où je trouve l’énergie pour ne pas retomber en enfance. Je veux dire : hurler et me rouler par terre…

 

Ah si…Je sais…Je la trouve en repensant aux amis qui s’affairent au quotidien pour faire avancer les travaux pendant que je me bats pour gérer ce genre de détail ubuesque, et en voyant le résultat de leurs efforts.

Hier soir, nous avons mis en place la première plonge et la vue du résultat eut quelque chose de magique. Jamais je n’aurais imaginé que la contemplation d’une porte de placard ou d’une plonge installées puissent (renonçons au Subj II) être si réconfortantes…

 

;-)

 

A see you soon !!!

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